Depuis ses premiers footworks il y a bientôt trente ans, Ousmane Sy (1975-2020) s’attache à traduire en danse sa fascination pour le mouvement concerté d’une équipe de football. Son univers artistique, présent sur des terrains multiples, se compose de passements de jambes, de courses croisées, d’échanges transversaux entre le dance floor et la scène et d’un irrépressible désir de dépassement de soi à travers le groupe.
Un pied dans le club, l’autre dans le battle : c’est entre ces espaces d’expression qu’Ousmane, dit « Babson » revendique son appartenance à la house jusqu’à en devenir un des ambassadeurs majeurs en France. En décrochant le titre du « Battle of the year » en 2001 avec Wanted Posse, il porte la « French touch » au sommet de la scène internationale en transposant, au centre du défi, la gestuelle androgyne inspirée des boîtes de nuit new-yorkaises. Loin de s’interrompre aux frontières du plan Marshall, sa danse s’intéresse progressivement à ce que la rythmique house porte d’histoires croisées et de filiations afro-descendantes. Ainsi naît l’« Afro House Spirit », style contemporain empreint de l’héritage des danses traditionnelles africaines et antillaises.
Par la mise en scène, l’instigateur des soirées All 4 House, s’applique à accorder les cheminements individuels des danseuses du groupe Paradox-Sal, qu’il forme à la house depuis des années, au cours d’une création en plusieurs actes traitant des féminités en mouvement. Sont issus de cette démarche Queen Blood (2019) et One Shot (2021), deux corps de ballet qui oscillent entre figures d’ensemble et solos expressifs, dans le plaisir de la confrontation des styles. Ousmane Sy poursuit par le geste chorégraphique une recherche esthétique autant influencée par la masse que par l’esprit freestyle du hip hop, traversé par la conviction que l’identité s’accomplit au service de l’entité.