Au milieu des années 90, le style prodigué par la scène du b-boying parisien fait éclater aux yeux du monde une nouvelle vision du break. Wild Cat, premier essai chorégraphique de Saïdo Lehlouh créé en 2018, met en lumière ce style qui se distingue par sa fluidité et son apparente « finesse » propre au félin. Cette sincérité dans le geste, le danseur et chorégraphe la tire de son parcours de breaker au sein du Bad Trip Crew, autant dirigé vers l’explosivité de la performance dans le cercle, que vers l’introspection et l’assujettissement à la gravité.
Rompu à l’exercice du spectacle de rue, le chorégraphe donne une suite alternative à son premier spectacle en composant Apaches (2019).Ce que l’improvisation permet d’authenticité, Saïdo Lehlouh s’en saisit dans une proposition scénique à la distribution versatile, s’adaptant perpétuellement au contexte de représentation. Dans l’espace public, aussi bien que sur scène, Apaches organise et met en rythme les corps dans un espace de passage où les énergies circulantes et l’intention de sincérité constituent un propos en soi.
À travers la relation d’apprivoisement du sol par le toucher, « Darwin » conduit la recherche continue d’un vocabulaire corporel approprié à l’instant. Avec son binôme Johanna Faye, deuxième facette de la compagnie Black Sheep, Saïdo Lehlouh visite, explore dans Iskio (2015), puis Fact (2018), les possibilités de prise de parole dans le dialogue chorégraphique. Ensemble, ils signent Earthbound (2021), une chorégraphie qui célèbre la diversité d’une scène hip hop rebelle et underground, tout en interrogeant les codes de la performance au plateau.
Saïdo Lehlouh est artiste associé au Théâtre de la Ville-Paris et au Cratère, scène nationale d’Alès.