La 6e édition du concours Danse élargie devait se tenir les 13 et 14 juin prochains au Théâtre de la Ville-Espace Cardin. Certains candidats devant se déplacer d’aussi loin que l’Inde, l’Iran ou Israël, et aucun groupe ne pouvant répéter pour se préparer, Emmanuel Demarcy-Mota, Boris Charmatz et Annick de Chaunac ont mesuré qu’il s’avérait impossible de le maintenir aux dates prévues et difficile de le reporter dans un délai raisonnable.
Fidèle à son engagement auprès de la jeune création et de la scène chorégraphique émergente, le CCNRB, partenaire du concours, accueille un plateau Danse Elargie avec trois propositions courtes et deux films de la sélection 2020.
Intro de Mellina Boubetra (France)
Entre trois danseuses, une conversation est engagée, le corps comme seule interface de lecture de l’autre. Sur une musique électronique en constante évolution, le dialogue se façonne, se découd, les résonances se font plus claires. Alors que les identités se révèlent et s’ancrent dans cet échange, le regard posé sur soi change, l’introspection émerge.
Never Twenty-one de Smaïl Kanouté (France)
Never Twenty-one est tout d’abord un film* co-réalisé avec Kevin Gay et Henri Coutant dénonçant les innombrables décès, principalement par armes à feu, de la jeunesse discriminée des quartiers pauvres de New York, Rio de Janeiro ou Johannesburg. S’appuyant sur des témoignages, trois danseurs ressuscitent les mots des victimes et de leurs familles. Par leurs corps devenus sculptures, espaces de revendication, objets de résilience, mémorial aussi, ils nous racontent ces vies sacrifiées à un jeu d’échec inéluctable. Smaïl Kanouté convoque ici de très différentes énergies musicales et physiques pour sonder l’absence, interroger l’absurdité et rendre hommage. Never Twenty-one… parce que leurs vies comptent encore.
Rave Lucid de Brandon Malboneige et Laura Defretin (France)
« Spontané, engagé et viscéral ». Tels sont les termes que Brandon Malboneige Masele utilise pour qualifier leur travail, largement inspiré du monde des battles. Très lucides sur la surmédiatisation qui a entouré dans les années 2000 l’émergence de la Tecktonik, Brandon et Laura réutilisent ici les codes et techniques de la danse électro afin de développer une écriture de groupe originale. Avec Rave Lucid, ils cherchent à produire un effet d’hypnose et de transe, avec une forte présence de la musique, tout en s’emparant des rapports de sociabilité institués par cette danse à l’ère d’internet.
Karnaval de Mathilde Rance (France)
Karnaval est un bestiaire chorégraphique et musical, une étrange procession d’animaux fantastiques et sonores. Mathilde Rance explore l’énergie transgressive et collective du carnaval, les résonances entre rites populaires et mouvements de contestation sociale, à la recherche d’un monde utopique, qui s’enrichirait de ses paradoxes et de ses expériences.
Queen Blood d’Ousmane Sy (extrait, France)
Queen Blood invite plusieurs danseuses du groupe Paradox-sal à bousculer leurs acquis techniques, à questionner leur rapport au geste et à la performance afin de rendre palpable ce que revêt, pour elles, la notion de féminité. Construit à partir des parcours et expériences personnels de chacune d’elles, Queen Blood est un concentré intime et vibrant qui plonge ses racines dans le populaire et qui s’actualise au présent. 3ème prix Danse Elargie 2018 + prix de la technique.
Cooking Stone de Trimukhi Platform (Inde – film)
Créé en extérieur dans une carrière de pierre rouge aux abords du village tribal de Borotalpada, à 220 km au sud-ouest de Calcutta, le dispositif de Cooking Stone met en scène les habitants, leur présence, leurs corps en mouvement, les sonorités de leur vie quotidienne agençant ainsi autrement cette Inde rurale que décrivaient le poète Rabindranath Tagore ou le cinéaste Satyajit Ray, deux immenses artistes qui ont si bien décelé la beauté et la force du quotidien.
Fox Trott de Nina Chalot et Romain Delamart (France – film)
Avec Fox Trott, ils souhaitent danser avec des trottinettes électriques en libre-service. Danser pour le Théâtre de la Ville, au centre de Paris. Danser à dix personnes, à 10 km/heure pendant 10 minutes. Danser ensemble, comme s’ils étaient seuls. Danser contraints. Danser sans bouger. Sans oublier le ballet invisible des « juicers » qui récoltent et rechargent ces objets sans cesse abandonnés et qui n’appartiennent à personne. Eux qui empilent, déplacent, replacent. Eux qui travaillent et sur qui le système roule.
— Jeudi 16 et vendredi 17 juillet – 20h
Tarif : 10€ / personne – Jauge : 50 personnes
Jardin du CCN – St Melaine