Si Linda Hayford est reconnue comme une ambassadrice du popping, c’est dans la rencontre des genres et des postures que sa danse évolue. Avant tout adepte des danses debout inspirées du funk et de ses différentes esthétiques, elle entre en contact avec la hype, le popping, bien sûr, mais aussi le locking, le new style, puis la house sous l’impulsion de la versatilité et du mélange des styles qu’exigent les battles en équipe. Au sein du groupe Paradox-Sal, initié par Ousmane Sy, ou de la compagnie INsideOut dont elle est instigatrice, la danseuse et chorégraphe rennaise poursuit une trajectoire faite d’ouverture et de pluralité.
À partir du croisement des styles, Linda Hayford tend un fil entre de multiples états émotionnels et physiques et amorce une recherche esthétique portant sur la métamorphose. Son solo inaugural, Shapeshifting (2016), matérialise ce pouvoir que représente le passage d’une forme à une autre dans une fresque intimiste où les chimères se succèdent tour à tour. Au cours de cette quête de transformation, le « switch », instant de basculement des formes et des énergies, devient une ligne de conduite soutenue par un désir de rapprochement vers l’animalité du corps.
Dans AlShe/Me (2019, prononcé « alchimie »), Linda Hayford se met en scène aux côtés de son frère aîné, Mike Hayford. Des années après lui avoir mis le pied à l’étrier du popping, le danseur l’accompagne dans un duo qui place le caractère transitoire de ce genre au centre des attentions. En 2022, Recovering invite 3 interprètes à questionner le processus de guérison tout en s’appropriant les outils du vocabulaire « Shifting Pop » développés par Linda Hayford.
La chorégraphe trouve dans l’altération, l’objet d’une réflexion sur l’identité en perpétuelle évolution, dont chaque étape incarne une facette de l’humain qui trouve son aboutissement dans la complexité du déplacement.